C’est une de ces jolies histoires comme on les aime à Noël. Une histoire de son temps qui ne débute pas par « il était une fois dans l’Ouest » (quoi qu’elle pourrait), mais par un sms envoyé par une aide soignante, du service de réanimation du CHU de Rennes, à une cheffe de cuisine de la capitale bretonne. Un sms qui dit ceci : « Il me semble que vous avez fait partie du collectif qui nous a apporté tant de réconfort lors du premier confinement. Pour les fêtes, nous serons toujours sur le pont et nous aimerions commander des repas afin de vous apporter à notre tour tout notre soutien…. » Et l’aide soignante « porte-parole » de proposer d’acheter des repas destinés à ses consoeurs et confrères de garde en réanimation le 24, 25, 31 décembre et 1er janvier.
« Voilà, c’est ça l’esprit de Noël ! »
Aussitôt reçu par la cheffe, le sms est copié-collé sur le groupe Messenger du collectif anonyme de cuisiniers, pâtissiers et producteurs de Rennes, avec une question pour l’accompagner : « Personnellement je n’ai pas l’intention de les faire payer… Est-ce qu’il y a des partants ? » Même si le groupe ne s’est jamais totalement endormi depuis la fin du premier confinement, il se réactive en quelques minutes et les commentaires affluent : « Partante pour le 31, je dois pouvoir leur proposer un petit carpaccio de saint-jacques… », « Nous ne serons pas à Rennes mais on peut faire des pains avant de partir… », « OK pour moi ! », « Possible pour moi de faire quelques desserts… », « Ok, je vais pouvoir livrer… », « Voilà !!! c’est ça l’esprit de Noël ! » etc. La machine à faire du bien au moral se met en branle, sans tambour ni trompette.
Cent vingt repas sont ainsi concoctés pour les quatre soirées de garde. Au menu ? Gravelax de saumon crème acidulée ; saucisse de volaille foie gras chanterelle purée de truffes et bouillon à l’ail noir ; pains artisanaux ; donburi ; bûches ; tapas de la mer ; confit d’agneau ; bûche yuzu sésame, pécan et caramel vanille… Le tout agrémenté de jolis thés et de petits mots bienveillants.
Anonyme mais racontée, pour donner de bonnes nouvelles dans la morosité ambiante, l’histoire est déjà belle et pourrait se terminer ainsi. Mais « les soignants ont insisté pour payer lorsqu’on leur a déposé les plats ! » Qu’à cela ne tienne, décision est prise par le collectif de reverser l’argent à des associations caritatives.
Et tous vécurent de belles soirées…
