A l’arrière du Youpala Bistrot, la nouvelle terrasse et son mobilier flambant neuf est intacte. Certaines chaises ne sont même pas encore déballées. « Après le mois de mai pourri que l’on vient de passer, je misais tout sur le beau temps et la terrasse pour nous refaire… Août est toujours notre meilleur mois… » Il n’y aura pas de mois d’août 2016, pas plus de juin, de juillet ou de septembre pour le Youpala Bistrot. Le restaurant étoilé briochin a brûlé dans la journée de dimanche. Le feu est parti du tableau électrique situé dans la cuisine. Les flammes ont entièrement ravagé cette dernière alors que les épaisses fumées se sont chargées de la salle.
Un trou béant
Ce lundi en fin d’après midi, la cuisine n’est plus qu’un amas de tôles, de restes de plâtre, d’enchevêtrement de fils… Une vision en noir et blanc, la lumière entrant violemment par un trou béant du plafond, défoncé par les pompiers. Comme une explosion. Dans la salle, à l’exception des chaises retournées sur les tables, tout est à sa place, recouvert d’une fine pellicule noirâtre. Les verres bien alignés sur les étagères, les faux oiseaux plus que jamais figés dans leur cage, les livres pour les enfants, un crabe en peluche par terre… Et cette odeur de fumée persistante. Tellement dur à contempler pour tout ceux qui connaissaient cette salle si joyeuse. Dehors à l’arrière, ce qui reste du matériel de cuisine s’accumule en vrac. Les casseroles noircies empilées les unes sur les autres, le Paco par terre, fondu, un livre brûlé où l’on devine le titre, la cuisine des bouillons…
Le soutien des chefs
Dur à avaler mais pas autant que pour Jean-Marie et Juliette Baudic et leur équipe. Jean-Marie Baudic erre dans son Youpala dévasté, entre deux coups de fil des amis Alexandre Bourdas et Lionel Levy. « 10 ans que l’on est là… J’en ai pris dans ma gueule ces dernières années mais là pfff… là c’est la cerise… » J+1, la tête baissée Jean-Marie Baudic est accablé par ce mauvais coup du sort qui vient encore de le frapper. Et malgré les incertitudes, Jean-Marie sait ce qui l’attend. « Dans l’immédiat, j’ai hâte de tout mettre à plat, de savoir où l’on va… Et en même temps, je sais bien où l’on va. Ce que l’on va faire là, on l’a déjà fait il y a 10 ans lorsque nous avons entièrement refait le restaurant en arrivant. Cela nous avait pris 3 mois de travaux… 3 mois ! Et un expert me dit hier que cette étape de travaux ne pourrait pas débuter avant septembre… et encore ! »
« Il me reste mes mains… »
Alors évidemment, des questions plus terre à terre surgissent. « Demain je vais voir les banques… Financièrement je suis dans la merde… Il me reste mes mains. Il va falloir que je trouve des plans, en France, à l’étranger peu importe, mais il va falloir que je me bouge. De toute façon je ne vais pas pouvoir rester ici à contempler ce désastre aux beaux jours. » Pierre Gagnaire, Patrick Jeffroy, ses confrères de Tables & Saveurs de Bretagne et de Rock’n Toques le soutiennent. Comme d’innombrables amis et clients. Jean-Marie Baudic a besoin de ces soutiens. « Les enfants sont sous le choc. Ils n’avaient jamais vu leur papa comme ça. Papa, c’est un roc, il ne pleure jamais, mais là… » Baudic a besoin de nous.
Olivier MARIE
Et si on achetait des repas en avance? Si on mettait un peu plus que le repas en le réservant pour dans quelques mois?