20 avril 2011

Carlo Pétrini en Terra Bretonne

Par In Actus

EXCLUSIF / Slow Food n’en fini plus de faire parler de lui en Bretagne. Après le réveil du convivium Rennes Haut-Gallo, la création du convivium Les Choux Marins de Lorient et l’ouverture d’un Terra Breizh, c’est au président fondateur en personne, Carlo Pétrini, de venir faire un petit tour en Bretagne. En toute discrétion, il y a rencontré des producteurs et des acteurs sensibilisés au manger Bon, Propre et Juste comme l’a défini lui-même Pétrini dans son ouvrage de référence. Seul média présent lors de ces rendez-vous, Goûts d’Ouest vous en dit et vous en montre plus.

Bas Canlou chez Anne et Jean-Yves Morel, une vingtaine de kilomètres de Rennes. Pleine campagne. On a l’impression d’un rendez-vous de comploteurs qui viennent de toute la Bretagne. Des comploteurs du bon goût oui ! Il y a là des producteurs de vache pie noire, des éleveurs de porc blanc de l’ouest, des maraichers bio, des ostréiculteurs responsables, un restaurateur comme Jean-Claude Spégagne, un maître beurrier-fromager nommé Jean-Yves Bordier…  Autour d’un succulent pot au feu, de beurres et de fromages Bordier, les discussions vont bon train. Il s’agit de soutenir l’huître de pleine mer, le porc blanc de l’ouest, la vache pie noire, le chou de Lorient… Que de bons produits fragilisés en Bretagne (et qui feront bientôt l’objet de reportages dans Goûts d’Ouest). On sent un réel enthousiasme parmi ces acteurs concernés. La gastronomie bretonne passe aussi par eux.

Une semaine plus tard, port de Lorient. Non, avec son grand manteau et son grand chapeau, Carlo Pétrini n’est pas Zorro. Il ne va pas sauver la gastronomie mondiale à lui tout seul. Mais son mouvement Slow Food pourrait bien peser prochainement à Bruxelles lors du vote de la nouvelle PAC. C’est en tout cas l’une des raisons de son pèlerinage breton « où j’ai fait la connaissance de paysans résistants qui travaillent pour une culture durable. C’est la première partie d’un pèlerinage en France pour renforcer Slow Food dans le pays. J’en profite évidemment pour rencontrer ses représentants. En France, SF a des difficultés c’est un fait. Il faut passer de la philosophie du gourmand à celle du gourmand raisonné. Ce n’est pas facile ici. » La journée s’est poursuivie avec une visite d’un jardin populaire et un déjeuner au Jardin Gourmand de Nathalie et Arnaud Beauvais.

Verbatim…

Terra Madre / « C’est le grand rendez-vous des producteurs, des paysans héroïques. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre d’initiatives locales remontées par Terra Madre depuis 2004. Je pense notamment à la culture de l’huile d’Argan au Maroc dans la région d’Essaouira. Aujourd’hui ils vendent à la terre entière ! Les deux piliers de Terra Madre sont l’intelligence affective et le respect de l’autonomie locale. »

La Pac à Bruxelles / « L’idée est d’organiser un Terra Madre Europa, pour faire pression sur la CE qui va se réunir pour définir la nouvelle PAC. Nous pouvons constituer un lobby virtuel afin de contrer les mauvais lobby. Il s’agit de remplir ce que l’on nomme le deuxième pilier, celui notamment dédié au développement durable… L’agriculture est l’âme des peuples, elle ne sera jamais une industrie comme une autre… L’agriculteur ne peut lutter seul, il lui faut l’aide des consommateurs et celui-ci ne viendra que s’il connait l’origine des produits… On doit chercher une nouvelle complicité entre le producteur et le consommateur… La question alimentaire est devenue une question essentielle en politique. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui il faut reconsidérer la gastronomie, lui redonner une tonalité politique ! »

Le jardin potager / « Le jardin potager doit devenir un symbole du retour à la terre. Il doit faire partie intégrante de ce 2ème pilier de la PAC, comme l’éducation. Il faut faire des jardins potagers partout, dans les écoles, dans les maisons de retraites etc. Mieux vaut avoir une vue sur le potager que sur les fleurs de la future tombe non ? »

L’esprit Slow Food / « Nous ne sommes pas seulement des gourmets ! Nous voulons aller plus loin dans l’éduction alimentaire, sans renoncer pour autant au plaisir ! Slow Food c’est la promotion sociale, l’éducation, la lutte, l’épicurisme. Il n’existe pas une gastronomie de première classe et de 2ème classe. Tout le monde a une sensibilité gastronomique. La gastronomie est une idée planétaire et une science complexe qui fait appel à de nombreuses autres sciences, l’Histoire, l’Economie… Elle n’est pas seulement un cercle ludique ! A Slow Food je veux un esprit joyeux avec un esprit de combattant. »

 

A Table !

Quimper vient d’accueillir le Festival culinaire « A Table ! » organisé par l’association Aux gouts du Jour. L’occasion de voir des chefs en démo – Jean-Claude Spégagne, Lionel Hénaff, Xavier Hamon etc. – mais également de découvrir de nombreux bons produits. Slow Food n’a pas laissé passer cette occasion pour promouvoir le porc blanc de l’ouest, la pie noir et la vache Froment du Léon. Des ateliers du goûts étaient organisés avec notamment une originale dégustation de gras du porc blanc de l’Ouest ! Au menu ? Rillettes, andouilles de viande, graisse salée de Quimper, beurre de Cochon Blanc de Pays – dit Aman morc’h gwen ar vro -, lard gras salé ou Kig sal produits pour la plupart par Françoise Chevallier, éleveuse à Maël Pestivien.

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Écrit par Olivier Marie

Journaliste culinaire professionnel écumant les salles de restaurant et les cuisines de l'Ouest depuis plus de dix ans.
1 commentaire
  1. […] à suivre sur Goûts d’Ouest, clic ! […]

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Carlo Pétrini en Terra Bretonne

par Olivier Marie temps de lecture : 4 min
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