La gastronomie rennaise connait aujourd’hui un bouillonnement sans pareil, c’est un fait. Ouvertures successives de plusieurs belles maisons, multiplication de petites adresses trendy, événementiels renouvelés, quartiers en mouvement… On la découvre créative, tendance, variée, ouverte sur le monde, conviviale et festive. Une autre de ses spécificités est un peu passée inaperçu : sa féminité ! Et si la modernité et le dynamisme de la cuisine rennaise était, non pas portés par quelques étoilés ou autres maisons reconnues par les guides comme le veux la tradition dans ce métier, mais bel et bien par cette présence féminine ?
Il suffit de réaliser une photographie actuelle de la gastronomie rennaise pour s’en convaincre. Les femmes jouent de plus en plus les premiers rôles dans les brigades et ce, quel que soit le type de cuisine : Sybille Sellam (et Grégoire Foucher évidemment) à Bercail, Virginie Giboire à Racines, Blandine Lucas à Essentiel, Flavie et Nathalie Durou à Petite Nature, Marianne Boisselier au Tire Bouchon, Isabelle Ligeron à Un Midi dans les Vignes, Géraldine Mouellic à Comme à la Maison, Léna Goanec et Clémence Le Mat à La Kitchenette, Diane-Claire Mauger aux Grands Gamins, Young Ran Joo à Yam Yam, Yvonne Poggetti à Il Toscano, Laurence Pailhes à La Quincaillerie Générale, Marie Herrenschmitdt à It’s five o’clock somewhere… sans compter les nombreuses jeunes femmes seconds ou commis de cuisine. Et même si des bastions traditionnellement très masculins, comme la brasserie ou la gastronomie étoilée, restent encore l’apanage des hommes en cuisine, ils sont les exceptions qui confirment la règle. A Rennes (et ce n’est pas le cas ailleurs en Bretagne), les femmes s’affirment en cuisine et plus seulement en pâtisserie !
Soit… et alors, devons-nous nous réjouir ? Evidemment, parce que tout d’abord cela fait un bien fou de croiser des femmes dans les cuisines et non plus seulement en salle ! Et ça c’est un vrai gage de modernité. Peut-être moins formatées et plus ouvertes sur les autres, l’égo souvent moins prononcé (et ce n’est pas rien dans ce milieu), ces femmes cuisinières, qui ont dû se faire une place dans un monde d’hommes, apportent de la souplesse dans les rapports humains et, même si cela peut paraître cliché, parfois plus de délicatesse dans les assiettes. A Rennes, plusieurs femmes portent même un véritable courant, celui de ces petites (en taille et non en qualité) adresses dites « girly » où l’on vient prendre des plats à emporter, des brunches, où l’on retrouve sûrement plus qu’ailleurs des assiettes végétariennes travaillées, où la déco est dans l’air du temps… Et puis, dans les dernières belles ouvertures ne sont-ce pas deux femmes, Sybille Sellam et Virginie Giboire, qui ont été mises, à juste titre, sur le devant de la scène ?
Un Marché à Manger spécial femmes en cuisine
C’est un fait, la cuisine rennaise s’est féminisée et il est loin le temps où l’on se focalisait uniquement sur Soizic Rescamp (à l’époque Soizic Maréchal), seule et unique femme chef de la région rennaise au Germinal. C’était en 1998… La parité semble encore bien loin, mais ce mouvement est vraiment encourageant. Le 2 septembre d’ailleurs, le Marché à Manger de Rennes leur sera consacré avec un spécial femmes en cuisine. En espérant que la dynamique ne s’essouffle pas !
Texte & Photos © Olivier MARIE
De nombreuses recettes de ces femmes chefs sont à retrouver dans Bretons en Cuisine Spécial Rennes