Le mail tombe à 16h00. Je connaissais les acteurs, Eric Guérin et Hervé Bourdon, je connais désormais le lieu de ce troisième et dernier dîner secret de l’année, organisé par Le Voyage à Nantes. La tablée de 200 convives est dressée sur la commune du Loroux-Bottereau, à la lisière de celle de Haute-Goulaine, quelques kilomètres à l’est de Nantes. 3 heures plus tard, me voici sur cette Butte de la roche forcément haut perchée au coeur des vignes avec une vue imprenable sur la skyline nantaise. En discutant avec ma voisine, Marie, j’apprends que ces coteaux en Muscadet appartiennent à la famille Luneau-Papin. Ses beaux-parents, Pierre et Monique et son mari, Pierre-Marie Luneau-Papin. Ils font partie de l’association des Vignes de Nantes comme leurs deux autres confrères présents également ce soir pour accompagner les plats du duo de chefs. «Ce soir, nous allons lancer les hostilités, sourit Marie. C’est notre muscadet Sèvre-et-Maine sur Lie, Terre de Pierre 2012 qui accompagne les entrées.» Les plats seront mariés au Muscadet Sèvre-et-Maine Bruno de 2004 (!!), travaillé par le Domaine Bruno Cormerais à Clisson. Les desserts, enfin, seront accordés à un Malvoisie des Coteaux d’Ancenis du Domaine Landron Chartier.
A l’ombre de quelques résineux, les cuisiniers s’activent. «Ca me fait flipper, mais bon c’est cool !» Hervé Bourdon n’est pas habitué à cuisiner hors de son Petit Hôtel du Grand Large. C’est même une première pour Grosse Légume accompagné à l’occasion de toute son équipe cuisine et salle. Lunettes de soleil vissées sur le nez, les jeunes ont l’air plus cool. Carrément même. Ca sent bon. Pas au nez, car ici rien ne sera cuisiné juste dressé, mais dans l’ambiance. D’une décontraction à en faire pâlir un Bourdon, Eric Guérin est comme un coq en pâte dans ces vignes. « C’est la saison que j’adore ! Tout se passe à merveille à La Mare, il fait beau, l’endroit est génial… Ah non, là je suis carrément bien.» Et lorsqu’un Guérin est bien, il envoie !
Richard Baussay le grand ordonnateur des Dîners Secrets me refile le menu. «L’idée est de proposer un vin sur un plat de chaque chef.» Décortiquons…
Entrée d’Eric : Foie gras grillé au barbecue, petits pois au lait de riz.
Entrée d’Hervé : Oeuf de 1000 ans
Plat d’Eric : Thon rouge framboises tomates livèche
Plat d’Hervé : Maquereaux écume d’eau de riz et pamplemousse
Dessert d’Eric : Finger abricot gingembre, crémeux de chèvre au miel de Brière
Dessert d’Hervé : Fraise, rhubarbe, un nuage de miel.
Décidément, les miels d’Alain Rey sont à l’honneur. Tant mieux. 20h14, les premiers foies gras partent régaler… les finalement 225 convives. Les équipes des deux maisons, largement épaulées par celles du traiteur Val d’Evre, s’activent autour des assiettes. Hervé trace le cercle de petits pois, un autre place les foies gras barbecue… Eric arrose légèrement le plat d’huile d’olive, en contre-jour Catherine Bourdon rigole en lisière de vigne en compagnie des Luneau-Papin. Les convives font connaissance avec les vins en attendant les plats. La décontraction prime «et c’est d’ailleurs l’idée, dixit Richard Baussay. Nous souhaitons un côté pointu, chic avec cette tablée nappée de blanc et ces plats et vins de qualités, accordé à une ambiance décontractée systématiquement rappelée par les guirlandes.» Il y a là les parents d’Eric Guérin, Sébastien et Félix, Sophie Cornibert de Fulgurance, Christophe François des Chants d’Avril, Marie-Laure Bellec de Ca sent beau dans la Cuisine, des vignerons venus en voisins et en amis… Des amateurs éclairés, des passionnés de cuisine. «On discute avec nos voisins, on parle de cuisine évidemment ! sourit Marie-Laure Bellec. Tout se fait naturellement à table… et quelles cuisines ! Des plats incroyables qui donnent évidemment envie de retourner à La Mare aux Oiseaux ou au Petit Hôtel du Grand Large !»
Ah oui, le service a débuté et les deux cuisinent se croisent en toute fluidité. Ces deux-là s’apprécient on le sait, ils sont de la même veine. Le soleil décline, les chefs subliment, les guirlandes illuminent. A minuit, la table s’éparpille. Les convives redescendent de la Butte guidés par les lanternes posées au pied des ceps. Les chefs trinquent, les équipes sourient. Tout le monde sourit en fait, conscient d’avoir une fois de plus partagé un voyage magique et unique.
Photos : Romain JOLY
Texte : Olivier MARIE
Ça donne envie ….
Il faudrait la même chose a Rennes !
Karine