Je viens de retrouver une amie d’enfance, de l’école primaire, après presque une quarantaine d’années ! Agréable et étonnant à la fois. Ça nous rajeunit pas comme on dit… Et en fait si, ça nous rajeunit, car l’émotion ressentie quand on évoque des souvenirs communs se révèle intacte et authentique. En une demi seconde vous vous retrouvez dans l’ambiance de cette période là. Alors bien sur, le sentiment sera plus ou moins agréable selon que vous ayez ou non de bons souvenirs de ce passé, mais la vitesse à laquelle nous voyageons dans le temps, juste en évoquant une phrase, une image, une ambiance, est impressionnante. C’est la mémoire des émotions. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le vin, sa dégustation et ses voyages dans le temps.
La mémoire olfactive est sans doute la plus puissante dans le temps. Une simple effluve de pain grillé peut vous faire revenir en un millième de seconde dans la cuisine de votre grand-mère lorsque celle ci vous préparait le petit déjeuner pendant les vacances scolaires. Vous conservez l’image en tête et peut-être même le son, mais vous avez l’émotion exacte qui surgit à ce moment.
Je suis très sensible à l’émotion olfactive, c’est ce que je recherche dans la vie. Faire fonctionner tous mes sens grâce à des rencontres, des saveurs, des parfums, des musiques.
Lorsque je repense à cette soirée d’été dans l’Aude, l’ambiance gustative surgit, juste et authentique.
Dégustation de nuit
1 h du matin. Il a fait très chaud aujourd’hui, nous avons dégusté quelques bouteilles de ce rosé de soif de la cave coopérative voisine. Simplement fruité, belle acidité nécessaire quand il fait 35° à l’ombre. Autant vous dire qu’il est important d’avoir un vin bien fait lorsqu’il fait si chaud, sans excès de souffre rajouté, bien équilibré sans être alcooleux.
Au milieu de la nuit, le thermomètre redescend a une température bretonne et voici que ma camarade de CM1 sort une bouteille de rouge. Elle me le présente comme son grand coup de coeur du moment. Coup de coeur pour le vin, le domaine, et pour l’homme qui a vinifié cette cuvée.
Une bonne heure pour le déguster. Sur l’étiquette foncée inscrit en blanc : « Cuvée sans Titre N°1, Sarrat de Goundy 2011 – technique manuelle – vin rouge – verre – papier – étain – liège, Languedoc La Clape – collection Particulière – 14% – Vol 75cl.
Je ne connais pas. Le bouchon ôté, le verre est rempli jusqu’à la moitié et hop, un coup de nez. Ca sent bon les fruits noirs mûrs et les herbes sauvages séchées. Il y a un côté exubérant, maitrisé. C’est ce que je ressens, ce que je sens. Ce que je goûte maintenant est très élégant. Une puissance suffisante pour satisfaire la gourmandise et une certaine fraicheur pour satisfaire la soif.
Le verre terminé, nous les remplissons à nouveau pour une deuxième lecture (c’est se qu’on dit dans le métier quand on veut se donner un prétexte professionnel pour reboire un peu plus). Parfait. Nous finissons la bouteille. NK aime ce domaine et m’en parle alors avec tant de passion que je n’ai qu’une hâte, rencontrer ce monsieur Olivier Calix et goûter toutes les autres cuvées.
Le Domaine Sarrat de Goundy à Armissan, on en parle beaucoup ici http://www.discover-carcassonne.com/fr/le-domaine-sarrat-de-goundy-10
