En poussant la porte de Racines ce mardi matin, lendemain étoilé pour le restaurant rennais, l’équipe de cuisine est déjà au travail. Ce soir c’est complet. Le sourire immense de Virginie Giboire fait plaisir à voir. Ceux d’Orianne et du jeune apprenti Charles également. « Nous avions décidé de fermer ce midi car, quoi qu’il advienne, j’avais décidé de boire ! » lance Virginie dans un grand éclat de rire. Parce qu’évidemment, Virginie Giboire était dans l’attente d’une possible bonne nouvelle dès vendredi. « Samedi matin, je ne m’y attendais plus du tout… Je voyais les posts sur internet qui disaient que le Michelin avait déjà appelé… Je suis allée chercher mes légumes aux Lices et lorsque je suis revenue, il y avait un message me demandant de rappeler tel numéro… Je tremblais… J’ai eu quelqu’un qui m’a dit qu’il allait m’annoncer une bonne nouvelle… du coup j’ai pleuré ! » Les nerfs lâchent pour cette jeune femme de 33 ans débarquée à Rennes en septembre 2017 avec Fabien Hacques et leurs deux jeunes enfants.
« … nous ne bougerons pas nos prix dans l’immédiat… »
Ce matin, après une journée d’exception, Virginie Giboire essaye de redescendre sur terre. « C’est vrai que c’est assez émouvant de porter pour la première fois cette veste étoilée… » Et puis tous les messages par la suite d’encouragements et de félicitations. « Ce sont surtout ces messages de fournisseurs, de clients, de gens sur internet qui nous émeuvent… Cela fait un bien fou ! » Et cette étoile, censée très statistiquement apporter en moyenne une augmentation de 30% du chiffre d’affaires, devrait faire également du bien. « Ce fut parfois difficile certains soirs avec 8 couverts… Si cela aide à remplir c’est bien ! » Une certitude, d’autant que Virginie Giboire et Fabien Hacques n’ont pas l’intention de monter les prix. « Nous avons eu l’étoile avec ces prix et, dans l’immédiat et au moins jusqu’en septembre, nous ne les bougerons pas. »
« C’est aujourd’hui notre travail qui est récompensé… »
Au moment de retourner en cuisine, Virginie s’isole légèrement, adossée à un mur. « Lorsque nous sommes arrivés ici, on me demandait ce que nous allions proposer comme cuisine… Je n’étais pas prête, nous n’étions pas prêts… Lorsque tu as travaillé pendant des années pour un patron, et bien tu ne sais pas quelle est ta cuisine… Aujourd’hui, je fais ce que je veux, nous sommes beaucoup plus libres… aujourd’hui c’est notre travail que le Guide Michelin a récompensé… » Virginie s’arrête, baisse la tête, terriblement émue. «… et ça ça fait vraiment plaisir. c’est beau… » et fort.
Olivier Marie
