18 novembre 2015

Aurélie dans les vignes…

Par In Producteurs

Aurelie Denais VignobleUne @ olivier MARIE

Sur le marché des Lices, le samedi à Rennes, comme sur celui du Mail, le mercredi, Aurélie Denais vend du vin naturel… Enfin, elle nous fait plutôt partager son amour des vins… « Des vins de Loire à 80%. J’aime défendre les vins de chez nous… Mais si, c’est pratiquement chez nous ! » lance-t-elle avec un grand sourire. Après avoir fait pratiquement le tour du monde, Aurélie est revenue ici, pour défendre les vins du coin. Elle connait les vignerons, en parle avec passion. « Lui c’est une petite parcelle, quelques hectares travaillés à la main, avec des raisins sains, parfaitement récoltés… Il souffre très légèrement à la mise mais c’est vraiment acceptable… » A l’écouter ainsi, évoquer ces vignerons qu’elle défend, on n’a qu’une envie : partir avec elle dans le vignoble, comme elle le fait environ 4 fois par an. Partager ses précieux moments…

Mardi matin, 9h00. La camionnette jaune d’Aurélie quitte le centre de Rennes. « Je retourne voir une fille que j’apprécie particulièrement. Julie Bernard, une vigneronne en devenir… J’ai goûté ses vins en juillet dernier, je vais regoûter et forcément en ramener un peu… Je la sens bien. » Direction le sud donc, et les fiefs vendéens. Il fait un temps magnifique en cette fin d’octobre. La camionnette d’Aurélie est vide, à l’exception de sa fameuse enseigne tire-bouchon rangée à l’arrière. « Il faut de la place pour le retour ! » Une route de campagne serpentant dans la campagne vendéenne entre La Roche-sur-Yon et Challans et là, au détour d’un énième virage, le Domaine de l’Atrie. 7 cépages sur 5,5 hectares conduits en agriculture biologique. Du chardonnay, sauvignon et grolleau, entre 25 et 30 ans d’âge, côtoient du cabernet, du grolleau et du gamay, entre 50 et 80 ans. A proximité de la parcelle principale, quelques bâtisses en pierre blanche, dont une, reoucouverte de lierre et d’hortensias. Le chai de Julie. Plus loin, entre les vignes et le chai, une roulotte aujourd’hui transformée en bureau. Difficile d’être plus au calme. Aurélie et Julie semblent s’être quittées la veille. Elles échangent sur des amies communes, puis, assez rapidement, Julie lance le « tu veux goûter ? » qu’Aurélie attendait. « Oui avec plaisir, mon palais est bien là… » La sommelière rennaise révise ses notes prises sur son carnet noir en juillet dernier. Elle rectifie, annote, échange. Plus tard, sur le retour, Aurélie reconnait que les vins de Julie lui plaisent. « Cela évolue bien par rapport à ce que j’avais goûté, avec deux gros coups de coeur pour son grolleau et son sauvignon. Il y a de la fraîcheur dans ses vins, de la féminité… Ses rouges sont gourmands, il y a de la friandise dans ses grolleau et gamay… J’aime également les parcours et la personnalité de Julie me plait, j’ai envie de défendre ses vins. » Avant de quitter la Vendée, Aurélie a pris le temps de parcourir l’une des parcelles. « J’ai besoin de savoir comment les vignerons travaillent, leurs spécificités… Ici Julie fait bien attention à respecter la descente de sève, c’est une information que je peux faire passer auprès de mes clients. Le vrai service du sommelier est d’apporter la connaissance, de rapporter ce qu’il a vu dans la vigne… Et toujours goûter pour savoir. » Au final, Aurélie embarque plusieurs cartons de sauvignon Pourquoi pas la lune, du grolleau La P’tite Grolle, de chardonnay Blanc Caillou et, en rouge, « La Grolle, de vieilles vignes de grolleau poivrés et L’Envolée, un rouge gamay. »

Retour vers le nord. Là encore, le visage d’Aurélie s’illumine. « Nous allons rencontrer un grand monsieur des vins de Loire. Il est dans le nature depuis 15 ans, tout en blanc ! » Marc Pesnot. Quatre noms : Bohème, Folle Blanche, Chapeau Melon et Miss Terre. Deux cépages : Folle Blanche et Melon de Bourgogne. Le temps tourne et le ciel menace au Domaine de la Sénéchalière, sur la commune de Saint-Julien de Courcelle. Marc Pesnot est retranché dans son bureau, au calme. Dans la pièce mitoyenne, des palettes prêtes pour le départ. New-York, Brésil, Paris… Très vite on mesure l’étoffe de cet homme qui se met à nous parler de nature, de son vignoble comme d’un être vivant, de ce cépage Melon de Bourgogne « exceptionnel, mais austère et qu’il faut donc travailler délicatement pour en tirer le meilleur… » Le discours est assuré, le ton calme, le sourire souvent posé sur les lèvres comme dans les yeux. On sent le vigneron attentionné, parfois même protecteur vis à vis de ce bout de femme qui échange avec lui en toute franchise. Plus tard Aurélie avoue qu’elle connait « tellement ses vins, son travail… Je suis vraiment à l’aise avec Marc. » Aurélie n’est pas passée pour goûter les vins de Marc qu’elle connait parfaitement, mais « pour récupérer une commande, lance-t-elle particulièrement fière. Eh oui, je vais faire des jaloux sur Rennes, car des vins de Marc, tout le monde n’en n’a pas ! » Par contre, lorsque le vigneron lui propose de goûter les jus de l’année, Aurélie se précipite, curieuse de tout. « Il faut aller au delà de ce que l’on boit, explique-t-elle. Il faut se projeter pour imaginer les vins de l’année prochaine. » Là, entre les cuves, ces deux amoureux du vin goutent, confrontent, crachent… Les échanges sont pointus, techniques… Le moment d’évoquer les cépages, les flavones que le vigneron va chercher grâce à un pressurage très lent ou encore cette cuvée, Nuitage, où les baies sont macérées de longues heures, comme pour une infusion. « Ce travail va apporter de la structure au vin, mais également un bel échange aromatique et une couleur plus dense que le muscadet traditionnel. Nous sommes dans un jaune doré. » Vigneron avisé, Marc Pesnot n’en est pas moins un chercheur invétéré. « Il est toujours en quête de perfection, d’expérimentations, » lance Aurélie en jetant un oeil dans les jarre posées plus loin. Marc lui lache « vous savez, les vins sont comme des enfants, ils sont tous différents et ont chacun leur personnalité cachée. »

Sur le chemin du retour, la camionnette délicieusement alourdie de  bouteilles, Aurélie évoque ses coups de coeurs. « J’aime les vins qui font saliver, les vins friands, gourmands et généreux. En Loire, et notamment chez Julie et Marc, on a beaucoup de pureté dans les vins, du fruit. On a aussi une expression de la région également, la marque d’un climat bien frais, une belle acidité. » A découvrir sur son étal…

Aurélie Denais. Tel. 06 24 31 95 34
Domaine de l’Atrie, 85190 AIzenay. Tel. 02 51 94 66 09
Domaine de la Sénéchalière, 44450 SAint-Julien de Concelles. Tel. 02 40 06 24 30

 

 

Écrit par Olivier Marie

Journaliste culinaire professionnel écumant les salles de restaurant et les cuisines de l'Ouest depuis plus de dix ans.
2 commentaires
  1. Stévanin 18 novembre 2015

    Rien ne me fait plus plaisir que ton discours où ta passion se lit « à fleur de mots », en un paysage de vignes préservées de toute maltraitance, de vins vrais et vivants, d’hommes et de femmes pour qui tu éprouves admiration et affection. Aurélie, tu me rends sincèrement heureux à l’écoute de ton formidable parcours. Bien amicalement et affectueusement.Christian Stévanin.

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  2. Frédéric Bricka 10 juillet 2016

    BONJOUR AURELIE, la plus jolie et la plus professionnelle des sommelières ! Cette amie véritable que j’ai à la fois si mal connue et tant appréciée !
    Je vis maintenant au Portugal, à Porto.
    Les vins y sont remarquables et la population charmante et courageuse.
    Chère Aurélie tu es mon invitée quand tu veux …
    Je suis ton parcours de loin et te félicite, mais ne suis pas étonné.
    A te logo
    Beijos
    Frédéric Bricka

    Répondre

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Aurélie dans les vignes…

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