15 septembre 2011

L’autre pré-salé de Bretagne

Par In Producteurs

Eh non, désolé, en Bretagne il n’y a pas qu’à l’ombre de l’Archange que l’on broute à pleine gueule les prés salés ! Bon d’accord ceux de la baie du Mont Saint-Michel ont assurément le meilleur point de vue, mais côté nourriture, le moutons du Pouldon se régalent abondamment. Et d’ailleurs le Pouldon, ou k’sé don ? Cap sur le sud Ouest Breton dans cette anse du Pouldon nichée sur la rivière de Pont L’Abbé. Un bras de mer baignant cette île Chevalier émergée entre Loctudy et Pont-l’Abbé. Bienvenu en pays Bigouden chez Pauline et Gilles Lescanne arrivés ici en 1981 et éleveurs d’agneaux de prés salés depuis 1991. Les seuls en Finistère.

« On les travaille comme les huîtres ! »

« Au départ on n’osait pas les mettre sur les herbus. On pensait qu’ils allaient s’enliser se faire choper par les marées… Tu parles, rigole Gilles, l’instinct animal c’est infaillible ! » Les ovins se baladent sur une quinzaine d’hectares dans un environnement digne du Connemara. « Avant il y avait des petits murets qui délimitaient les parcelles de chacun. » Il en reste encore quelques ruines. Sous nos pieds ou leurs onglons, puccinelle, salicorne, pourpier, des herbus bien iodés et… salés. « L’hiver, les filles ne sortent que deux heures et l’on complète avec du foin de prés ou de luzerne. Les foins de Luzerne sont faits à Tréguennec donc ils ont bien pris le sel ce qui permet d’avoir une relative stabilité des goûts durant tout l’année. Même si l’hiver les agneaux sont moins salés que l’été. » Les filles comme dit Gilles ne restent pas toute l’année dans le Pouldon. Au début du printemps, elles partent avec les agneaux d’un mois dans la baie d’Audierne, derrière les dunes, et sur la pointe de Trévignon. « Au bout de deux mois on sèvre les agneaux, quand ils ont 3 à 3 mois et demi, et on les ramènent ici pour les affiner… En fait  on les travaille comme des huîtres ! » Les brebis rentrent pour agneler fin août début septembre. « Si tu les laisse agneler à Tréguennec il te reste la moitié des agneaux ! Les corneilles te bouffent les cordons ombilicaux, elles te sortent les intestins… Elle fait pas de cadeaux la nature ! »

On mesure alors toute l’importante du rôle du berger dans le goût final de l’agneau qui « prend très vite le goût de son alimentation. Tout est question d’équilibre. » Croisés Ile de France et Romanoffs, les agneaux du Pouldon sont commercialisés entre 3.5 et 6 mois maximum pour garder une belle tendreté à la viande rosée et salée toute l’année.

Mais à propos, où le trouver cet agneau du Pouldon ? A la ferme et sur des boucheries de Quimper, Pluguffan, Bénodet, Pont-L’Abbé, Lesconil et Loctudy. Heureux Bigoudens ! Bonne nouvelle, Gilles sert également deux restaurants, Le Café du Port à l’île Tudy et Les Trois Rochers à La Villa Tri Men. Chef de cette maison, Frédéric Claquin ne tarit pas d’éloges sur ce produit d’exception qu’il accompagne d’une tempura de légumes. Oui, oui, on a goûté… Fabuleux !

Écrit par Olivier Marie

Journaliste culinaire professionnel écumant les salles de restaurant et les cuisines de l'Ouest depuis plus de dix ans.

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L’autre pré-salé de Bretagne

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